samedi 20 mai 2006

L'Homme de Février - Gildas Milin - Vers une dramaturgie scientifisée


« Ceux qui ne comprennent rien ni à l’art ni à la science croient que ce sont là deux choses immensément différentes. Ils s’imaginent rendre un service à la science en lui permettant d’être sans imagination, et faire progresser l’art en empêchant quiconque d’en attendre de l’intelligence. » Voilà ce que disait Bertold Brecht, et il avait bien raison. Aujourd’hui, comme un descendant de Brecht, un auteur continue de vouloir unir sur la scène art dramatique et savoir scientifique, je veux parler de Gildas Milin. Loin du théâtre de vulgarisation ou d’un théâtre de débat éthique sur les responsabilités du chercheur, Gildas Milin est avant tout un écrivain qui utilise la science pour nourrir son écriture.
Sa dernière pièce, L’Homme de Février met en scène le personnage de Cristal. Cristal est chanteuse, mais, dès lors qu’elle se trouve face à un public, elle ne peut surmonter la peur de se trouver là, sur scène face aux regards, son corps réagissant de façon violemment allergique. Et ce n’est que grâce à des cocktails de médicaments, qu’elle peut enfin affronter le public. Jusqu’au jour où une autre chanteuse, Christelle, l’invite à imaginer un personnage fictif qui va, en la soutenant à chaque instant, l’aider à reprendre confiance en elle, ce personnage c’est L’Homme de Février. Bon, je vois déjà vos mines défaites et accusatrices se demandant à quel moment vais-je enfin prononcer un terme à consonance scientifique et bien c’est maintenant écoutez bien : physique quantique.
En effet, les personnages de Gildas Milin s’expriment, se déplacent ou interagissent à la manière de ces particules élémentaires que sont les objets d’étude de la physique quantique. Ainsi, selon ses principes et pour faire monstrueusement bref, nous pourrions dire que nous sommes dans l’incapacité de définir clairement la trajectoire d’un électron, par exemple, se rendant d’un point à un autre, nous sommes obligés d’affirmer qu’il prend plusieurs chemins et même tous les chemins en même temps : c’est le principe de non-localité quantique., ceci est dû au fait que contrairement à l’idée répandue, un électron n’est pas une petite boule de matière mais peut prendre aussi l’allure d’une onde. Les personnages de l’Homme de Février sont tout aussi non-localisable, ils sont incapables de se situer dans l’espace et le temps et semblent prendre tous les chemins en même temps à l’intérieur même de la pièce. Ainsi un personnage musicien devient l’instant d’après un chercheur scientifique, quant au lieu de la représentation, il ondule de manière indéfinie entre un studio d’enregistrement, une sorte de laboratoire scientifique et la représentation scénique de l’imaginaire de Cristal. Il revient au spectateur de faire lui-même un série de mesure sur ce qu’il est en train de voir afin de définir ce qui sera, pour lui, la trajectoire de ces particules-personnages ou au contraire de se laisser porter le long de ces flots d’ondes poétiques et musicales desquelles surgira inévitablement l’émotion.
Quand à moi je terminerai par cette phrase du physicien quantique achevant ainsi ses cours et conférences sur la physique quantique, phrase que Gildas Milin reprend à son compte dans l’introduction à L’Homme de Février:

Si vous m’avez compris, c’est que je n’est pas été assez clair


A voir maintenant: Le site du Théâtre de la Colline ( http://www.colline.fr ) avec quelques contenus multimédias sur la pièce.

A lire bientôt: Vers une Dramaturgie Scientifisée, Le recours scientifique dans l'écriture théâtrale de Gildas Milin. A savoir mon mémoire de Master2 Littérature.

A écouter bientôt: Le plein des Sciences, émission scientifique de Radio Campus Paris (lien dans la rubrique idoine, rubriue Archives), consacrant sa rubrique Art et Sciences de l'émission du 16 mai 2006 à L'Homme de Février, chronique dont le texte est plus ou moins celui que vous venez de lire... mais non! ce n'est pas du vol ! En plus il paraît qu'on ne reconnaît pas ma voix!!!

1 commentaire:

Nous... a dit…

Enfin du grand Nico comme on l'aime sur la vielle lanterne ! Peut-on en déduire qu'il est bouclé ce mémoire ?
Nous nous permettons de rajouter à ce bel article que les ondes provoquées par la brillante et magnifique Julie Pilod empruntent ou pas tous les chemins possibles à la fois mais arrivent bel et bien à l'épicentre de l'émotion. Nous en sommes encore tout retournés !