jeudi 1 décembre 2005

Daewoo - François Bon - Charles Tordjman


Molière du meilleur spectacle en région
Grand prix de la critique
Et spectacle décevant...

Ce n'est certainement pas la faute de ces 4 comédiennes talentueuses (j'ai vu la reprise avec Léna Braban), mais malheureusement ce spectacle ne vaut pas tous les honneurs que la profession a semblé lui réserver.
Au départ, pourtant, l'argument pourrait nous séduire: ces témoignages de femmes licenciées de l'usine Daewoo, tentant bon gré mal gré de dépasser cette mise au ban. Ca sent le théâtre d'agit-prop, le spectacle social, revendicatif et engagé... Mais non!
Nous resservant les recettes trop connues d'une langue se voulant populaire, François Bon fait du mauvais Minyana, il accule les comédiennes dans le dégré zéro du témoignage... Témoignage? Ce serait beaucoup dire... On sent que François Bon a travaillé chacune de ces phrases, il sait bien, lui, que la langue de ces femmes doit être retravaillée par le poète, pour pouvoir être prononcée sur un plateau... Du coup, nous n'entendons presque rien de la parole de ces femmes, le contentement de François Bon est bien trop bruyant derrière les complaintes de ces femmes. Pourtant quand l'auteur s'efface, quand le fait, l'actualité prend le micro: ça marche, 10 secondes de bonheur en entendant, par cette voix venue de nulle part, le destin du PDG coréen de Daewoo, sa nationalisation, sa légion d'honneur; et le plateau deséspérement vide... Scénographie ratée, débauche de moyens en son et lumière, le metteur en scène n'est pas innocent... A 8500€ la représentation, on préfère l'humour du Canard Enchaîné, l'intelligence de Rêve d'Usine de Luc Decaster, l'émotion de la scène sur l'occupation de l'usine L'Epée dans le Brecht pour Muguette du Théâtre de L'Unité...
Désolé mais sur ce coup là, François...

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